Pilote de guerre
Antoine de Saint-Exupéry
Nous sommes fin mai, en pleine retraite, en plein désastre. On sacrifie les équipages comme
on jetterait des verres d’eau dans un incendie de forêt. Comment pèserait-on les risques quand
tout s’écroule?…
En trois semaines nous avons perdu dix-sept équipages sur vingt-trois. Nous avons fondu
comme une cire… Nous savons bien que l’on ne peut faire autrement que de nous jeter dans
le brasier, si même le geste est inutile. Nous sommes cinquante, pour toute la France. Sur
nos épaules repose toute la stratégie de l’armée française !