Une affaire publique
Max Gallo
Roman
Tout a commencé par un instant de désir, le 14 juillet 1981, lorsque Serge Torri s’éprend passionnément d’une jeune femme, Mathilde. Et ce pourrait n’être que la passion d’un homme pour une femme qui se donne et se refuse, fière, libre, fantasque, violente, cynique. L’une de ces femmes qu’on ne réussit jamais tout à fait à comprendre ni à posséder. Serge Torri lui arrache des rencontres, des nuits, des abandons, sans pouvoir la retenir ni en finir avec la passion qu’il éprouve pour elle. Et puis, tout bascule, le 16 décembre 1987. On découvre, ce jour-là, Mathilde
assassinée.
Pourquoi cette fin tragique ? Serge Torri tire un à un les fils pour savoir et c’est,
derrière la passion, toute la France des années 81-88 qu’il fait surgir. Un pays qui se transforme, qui vit les changements politiques, l’arrivée de la gauche au pouvoir, avec ses illusions, ses espoirs et ses appétits. Serge et Mathilde sont au cœur de ces années-là. Il est le fils d’un chargé de mission à l’Élysée, vieux compagnon du Président. Elle est la fille de Jean-Marc Serma, qui va diriger.
Le Grand Journal, un quotidien que lance, pour soutenir la gauche, un financier proche du pouvoir, Bernard Varain. Serge et Mathilde côtoient députés, ministres, jeunes loups de la gauche, militants sincères et aussi les ambitieux et les affairistes, tous ceux qu’attire le nouveau pouvoir politique et qui le constituent ; parmi eux, les Paz, Wagner, Lhéritier, quadragénaires qui, de gauchistes en 68, sont devenus des proches du gouvernement.
Serge et Mathilde, et c’est ce qui les unit, observent, jugent avec lucidité. Mathilde est la plus sévère. Elle est déchirée, parce que exigeante, vingt ans à peine, fragile donc sous sa carapace, désespérée aussi. Elle peut devenir la victime de ceux qui, dans l’ombre des réseaux policiers et politiques, cherchent des “appâts” pour faire tomber tel ou tel responsable du pouvoir dans un piège. Est-ce pour cela qu’on la tue en décembre 1987?
Avec ce roman de passion et de vérité, qui ne ménage rien ni personne, c’est la France d’aujourd’hui qui entre en littérature.